De Noël à l'Epiphanie ("manifestation" en grec), il y a douze jours qui s'appelaient autrefois les " douze petits mois " ou les " douze jours " qui représentent le temps nécessaire pour la maturation du soleil... et de l'année vieille. "Jean qui rit, Jean qui pleure" a été évoqué au mois de janvier avec l'âne, les fous et les saturnales (de Saturne qui définit la loi du temps humain)
De la fête qui honore Jésus comme enfant -Dieu-Lumière à la manifestation de la reconnaissance de la lumière par des messagers, les Rois mages - des astrologues ou des magiciens orientaux - qui sont, selon la tradition, venus à Bethléem guidés par une étoile. Ils apportent de l'or, de l'encens et de la myrrhe (résine odorante).
Ces présents représentent :
ž or : présent des rois, couleur soleil.
ž encens : présent des dieux et des prêtres, fait fuir les fantômes et les mauvais esprits couleur lune.
ž myrrhe : sert à l'embaumement, elle permet de renaître, rappel de la terre.
Gaspar, Melchior et Balthazar sont les noms qu'on leur a donné au Xe siècle. Plus tard, on a aussi considéré qu'ils représentaient les trois continents.
De tout temps, et bien avant le christianisme, ces douze jours étaient symbole de bouleversement, de passage. C'est le temps nécessaire à la transformation, les douze jours "immobiles", ceux qu'il faut rajouter tous les ans aux douze lunes de 29,5 jours pour ajuster les cycles de la lune et du soleil. Chaque jour préfigure un mois et on disait même que le temps qu'il faisait chacun de ces jours annonçait le temps sec ou pluvieux de l'année.
Le 6 janvier était la fête de Dionysos, Osiris... du renouveau de la Nature accompagnée par la lumière du jour plutôt que les pénombres.
En quelque sorte, l'année commence le 6 janvier et se termine le 25 décembre, entre les deux, il n'y a plus d'année, le temps est aboli, on est nulle part ! Là, intervient Saturne-Cronos, détrôné momentanément de ses prérogatives !!!
Regarder la nature vivre, s'en imprégner et s'en inspirer, telle est l'alternative que je prône afin de renouveler notre alliance avec la Terre. Je suis persuadée que cette alternative permet à l'Homme de mieux vivre et se développer, qu'elle permet à la Terre de mieux vivre et se régénérer. J'ai tenté de faire un pont entre l'imaginaire du temps vécu passivement et un imaginaire du temps accompagné, une Alliance sacrée.
Les traditions, dans ma vision de l'homme dans son univers, pareilles à :
* l'ossature du squelette
* la charpente du toit
* le verbe de la phrase
* dans la famille
* au travail
* sur "son propre" territoire.
La différence et la diversité ne sont pas fermetures, mais au contraire ouvertures et sources d'échanges. Elles fondent toute relation. Nous sommes tous uniques, nous ne sommes pas des machines. Lorsque nous vivons ensemble, nous partageons le même lieu, les mêmes conditions climatiques ; nous subissons les mêmes lois et taxes de l'Etat...
L'homme n'est pas coupé des conditions dans lesquels il vit. A ce titre, je vois mon travail de psychologue psychanalyste comme enraciné profondément dans la question de la place de l'homme dans le monde ainsi que le sens qu'il donne non seulement à sa vie, mais aussi à "d'où" il vient. De la plus petite sphère d'influence à la plus large : papa-maman, les deux lignées familiales, leurs origines régionales et sociales, leur religion, leur pays...
Comment cela a structuré et influence ma vie, la vôtre, mon histoire, la vôtre ?
Nous ne nous appelons pas n'importe comment, nous ne sommes pas nés n'importe où, chaque famille a des valeurs et des principes, des croyances, des superstitions... tout cela forme un terreau.
Les traditions traduisent notre manière de faire alliance avec ce qui ne dépend pas uniquement de nous. Elles renouvellent le cycle de la vie et de la mort.
Quand les traditions ont sauvegardé du sens, elles inspirent le respect même si elles ne sont pas suivies par tout un chacun. Elles renouvellent les liens, elles transmettent des histoires, elles injectent du sens, elles donnent aux anciens la place qu'il leur revient.
Nous avons des racines et ce sont ces traditions-là qui les forment et les entretiennent tandis que, en grandissant, nous nous déployons plus ou moins harmonieusement.